Immersion médiévale en Suisse

Un voyage hors du temps aux Médiévales de Saint-Ursanne


Chaque deux ans, au début de juillet, une fête historique se déroule au cœur du Jura suisse. La cité médiévale de Saint-Ursanne organise une reconstitution de l’ambiance typique du MoyenÂge, attirant des dizaines de milliers de visiteurs. À mi-chemin entre Bâle et Neuchâtel, et à peine à 10 km de la frontière française, cette localité de moins de 1000 habitants, sur les bords du Doubs, est considérée comme l’un des plus beaux villages du pays et la perle du canton du Jura.

Et comme j’ai des amis suisses passionnés de cette époque, j’ai pu conjuguer,en 2015, ma visite annuelle avec l’événement. Tous trois habillés d’époque, grâce au prodigieux talent de mon amie Danielle, nous avons accédé à la cité en traversant son pont sur le Doubs avec, au milieu, une statue représentant Saint-Jean-Népomucène, patron des ponts. C’est donc par la porte Saint-Jean, au sud, que l’on découvre le charme romanesque et l’ambiance festive des lieux.

Le centre historique, qui a très peu évolué au cours des siècles, regorge d’artisans des métiers d’autrefois, de musiciens, de saltimbanques, de figurants costumés, tout comme une panoplie de visiteurs, qui comme nous, savourent chaque instant de cette joyeuse atmosphère. Sous les banderoles de toutes les couleurs s’étalant entre les maisons bourgeoises, nous naviguons au milieu des chevaliers, princesses, gueux et troubadours avec un enthousiasme sincère, admirant autant l’abbaye bénédictine et sa basilique romane que les étals des artisans qui s’offrent à nous.

Ici un cracheur de feu attire les badauds, là une forgeronne occupée à marteler un outil sur une enclume pendant que son apprenti actionne le soufflet. Et puis je craque en voyant une adorable gamine assise sur une peau de mouton, charmante dans son costume ! On se restaure de viandes froides et de Tête de moine, un fromage suisse que l’on déguste sous forme de rosettes obtenues à l’aide d’une girolle. La visite se poursuit, j’admire le travail d’un artisan qui fabrique arc, flèches et carquois en peau pendant que mes amis observent un tanneur. Un combat à l’épée attire immédiatement notre attention et nous nous dirigeons vers l’attraction, appréciant l’aisance et l’habileté des protagonistes.

L’éventail est un impératif sous cette chaleur et surtout en costume, mais la magie opère et mon intérêt ne fait que croître. À la fontaine communale, un homme vêtu comme un Viking fait trempette, je me surprends à l’envier ! Nous nous installons à la taverne Dagobert, merveilleux poste d’observation en plein cœur de l’action, pour boire un panaché. Un gentilhomme sur son cheval blanc, un couple habillé comme des chevaliers teutoniques, des ménestrels, des jongleurs, des hommes d’armes, l’animation ne cesse jamais ! Nous continuons vers l’armurerie, puis vers cet ouvrier qui aiguise ses outils sur une meule. Un druide passe près de nous, suivi par un musicien et son troupeau d’oies, mais nous devons nous hâter, car le Roi et la Reine nous attendent pour capturer le précieux instant en une inoubliable photographie. Le bas de ma robe, mes sandales et mes pieds sont dans un état de saleté indescriptible, mais j’ai le cœur heureux et j’en rigole allègrement.

Pendant toute une fin de semaine, cette communauté s’affaire à offrir une expérience spectaculaire aux participants ; marché paysan médiéval, initiation aux métiers d’autrefois, tournoi de chevalerie, cortège aux flambeaux, concours de costumes, concert de musique ancienne et chants grégoriens, course de lévriers et plus encore.

Après une journée fabuleuse, il est temps pour nous de revêtir nos habits du 21e siècle pour repartir vers le monde réel. Et même si les festivals médiévaux sont nombreux en Europe et que la taille de celui-ci est loin d’être équivalente à celui de Provins, en France, il n’en reste pas moins qu’il demeure cher à mon cœur, car c’était une prodigieuse journée de découverte que je suis très loin d’oublier.

Maryse Boisvert

Conseillère en voyages

Maryse Boisvert

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